mardi 18 décembre 2012

Marigot

Marigot la nuit
Les démarches administratives pour récupérer nos nouveaux passeports

Vue du Lagon

jeudi 13 décembre 2012

Une journée pas ordinaire…




La journée de lundi avait pourtant bien commencé. Dès le matin, on est parti en dinghy du fond du lagon pour se rendre à la capitainerie de la Marina Port-la-royale. C’est là qu’on fait nos douanes, comme à chaque Île des Caraïbes où on pénètre dans un pays différent. Donc, on a tous nos papiers importants avec nous, passeports, immatriculation du bateau, carte visa. Il y a aussi dans mon sac, un petit canif couleur argent qu’Émile m’a donné et auquel je tiens beaucoup. La capitaine de la Marina et ses adjoints sont très accueillants. On est vraiment contents d’être là. Une fois les formalités complétées, le sac à dos se réarme de tous les documents et se fait oublier sur les épaules de Françoise.

On décide de faire un arrêt chez « Budget Marine ». Il nous manque quelques accessoires pour des adaptations à faire sur Coulicou. Il est 13 h 20, c’est fermé jusqu’à 14 h. Quarante minutes d’attente, c’est merveilleux, c’est juste ce qu’il faut à Françoise pour faire une petite exploration du quartier. Vingt minutes pour se perdre, et vingt minutes pour se retrouver. C’est le bonheur. Elle laisse donc Pierre sur le bord de la rive pour s’adonner au plaisir de cette petite marche rapide.

Le quartier rappelle certains coins de La Havane. Les maisons sont disparates, certaines sont jolies et bien entretenues même si elles sont modestes, d’autres sont carrément « bidonville » avec des murs en tôle percée et des cartons dans les fenêtres. Des chiens, beaucoup de chiens qui jappent sur son passage. Ils sont miteux, des poils arrachés, la queue basse. Ils ont l’air de chiens battus. Deux enfants d’environ 9 ans suivent Françoise. Elle leur demande lequel est leur chien. Ils n’aiment pas qu’elle leur adresse la parole, c’est évident, mais le plus petit finit par répondre. Son chien s’appelle Calvez. Les enfants quittent le chemin, mais quelques minutes plus tard, des adolescents, peut-être 15 ans d’âge, semblent prendre le relais. Françoise pressent qu’il est préférable de rentrer. En se retournant, le plus grand des deux lui demande, en anglais, si elle cherche quelque chose. Son regard est dur. Elle tente de continuer son chemin, mais le grand adolescent se jette sur son sac, par devant, mais comme un sac à dos ne se retire pas si facilement, il frappe de ses poings. Il a dû se faire très mal aux mains, car les lunettes de Françoise se sont brisées sous les coups. C’était un petit Mohamed Ali. Malgré tout, la bataille n’a pas été sans difficulté pour lui. Il n’arrivait pas à ses fins et demandait sans succès l’aide de son complice beaucoup plus petit, et probablement plus craintif. Finalement, la ganse du sac a cédé, et ils se sont sauvés par la plage, avec le sac à dos contenant tous nos papiers importants.
C’est un résident du quartier qui a dépanné Françoise et l’a ramené à l’endroit où Pierre l’attendait. En chemin, ils ont questionné des gens et découvert un témoin qui a vu les jeunes se sauver avec un sac. En arrivant au quai, Pierre a eu un choc. Quelques bosses très apparentes bien que superficielles, mais le sang qui coulait encore du nez et de quelques éraflures donnait à l’ensemble un portrait plutôt dramatique. Les gendarmes sont venus, nous ont conduits à l’hôpital pour les constats d’usage avant de prendre nos dépositions et des vêtements pour analyse d’ADN. Alexia, c’est la gendarme qui nous a reçus et soutenus depuis l’évènement. Elle est encore venue nous voir aujourd’hui et elle nous donne beaucoup d’informations pour faciliter nos démarches. Oui, les démarches! Parce qu’il y en a beaucoup et il faut les faire très rapidement, car on a un voyage vers Montréal le 23 décembre. Il faut donc récupérer de nouveaux passeports d’ici là, sans compter les autres documents à faire remplacer. Le représentant du Consulat est venu nous rencontrer. Il nous a aidés à remplir tous les formulaires. C’est un québécois qui vit ici depuis 35 ans. Très très gentil et surtout facilitant.

Il y a aussi la présence chaleureuse de nos amis navigateurs, Pierre de Saphyr, qui nous a aidés à récupérer notre dinghy, Stéphanie et Sandy d’Ambrosie, avec qui on a un lien particulier depuis la pénible traversée, Denis de Prana qui nous a aidés à amarrer notre voilier dans un vent à écorner les bœufs. Et puis, il y a Nycole, notre maman du réseau.


Depuis l’évènement, Françoise s’est graduellement transformée : elle est devenue un beau petit raton laveur comme dit Pierre. Les deux yeux au beurre noir, de plus en plus noirs, quelques grosses bosses décoratives et quelques enflures, mais rien de cassé, à part les lunettes. Pouvez-vous imaginer ça sur une photo de passeport? Et bien il n’a fallu qu’un tube de fond de teint pour en venir à bout. Derrière ce fond de teint, la vie se réorganise et le moral est bon. On a quand même bien hâte de rentrer à la maison pour voir nos enfants et tous nos parents et amis restés à terre.

Puis, après les fêtes de Noël et du Nouvel An en famille, nous reprendrons le voyage vers Grenade.




jeudi 6 décembre 2012

Anguilla



Quel accueil ! Après la froideur et l’indifférence des locaux des BVI (Îles Vierges britanniques), les sourires et la chaleur des gens d’ici nous réconfortent. On dit que ce sont les gens qu’on rencontre qui font qu’un voyage nous marque ou pas. Aux BVI, on a été bien accueillis par nos partenaires de flottille et par Miles, l’américain qui a fait des travaux, mais pas par les locaux, et surtout pas par les employés des douanes. C’est vrai qu’il y avait notre gailuron du resto de Nanny Cay qui lançait « The best of the Island » à chaque item qu’on demandait, même pour un verre d’eau, et aussi la gentille Betsy, du petit café, qui demandait encore des nouvelles d’Émile. Pourtant, BVI est un endroit magnifique, idéal pour les cartes postales. Ici à Anguilla, c’est plus sobre, mais les petites rues de terre nous attirent. On va sortir nos vélos aujourd’hui. L’île est platte (sans montagnes !) et petite, on en aura vite fait le tour.

La traversée de Gorda Sound à Anguilla a été facile du côté de la navigation : on a quitté Gun Creek (Gorda Sound) vers 18 h pour s’assurer une arrivée de jours à Anguilla. Après un bon repas au thon frais (des Martiniquais ancrés près de nous nous en ont fait cadeau), on reprend la haute mer. Quatorze heures de vents très stables, de 20 à 25 nœuds, parfois jusqu’à 30 nœuds, mais sans aucune variation d’allure. Du NE tout au long, au près serré. Les vagues étaient dans le même sens et passaient très souvent sur le pont. Du côté des navigateurs, la nuit est toujours difficile, surtout la première nuit (et là, il n’y en avait qu’une). On n’a pas réussi à dormir. On n’y voyait rien, même pas la hauteur des vagues qu’on traversait. Une nuit noire, jusqu’à l’apparition timide de la lune, vers minuit. À partir de là, on se détend un peu, mais le corps est constamment en alerte pour garder l’équilibre dans une gîte très prononcée (15 degrés). Passer d’un côté à l’autre du cockpit est un exercice acrobatique, parfois de l’alpinisme, avec nos harnais attachés aux haubans ou aux œillets de sécurité. Ensuite, c’est l’espérance de l’aube. Dès qu’elle arrive, la fatigue se dissipe, on peut revivre. Lors de notre traversée de 11 jours, la première nuit a été difficile, mais les autres nuits, on n’a pas le choix de dormir (trop fatigués pour rester éveillés) et le rythme se prend peu à peu.

Quelques heures plus tard …


En route pour THE VALLEY, la capital d'Anguilla
COMMUNIQUER! C'est le bon prétexte pour se payer une bonne "Carib"
Mais les cafés, ça reste la vraie motivation pour nos ballades

Pendant notre petite promenade, nous avons rencontré un troupeau de "Bernard l'Hermite". Ils étaient au moins cinq ! Selon moi, cinq, c'est un troupeau dans le monde des "Bernard l'Hermite".